Dans le TGV ramenant l'OL vers Lyon, après sa victoire en finale de la Coupe de France, Jean-Michel Aulas a accordé une interview au Progrès de Lyon et Libération, pendant que les joueurs poursuivaient sur l'aire de leur nuit de fête (lire). Il s'est exprimé longuement sur la saison écoulée, l'avenir du club, de l'entraîneur, et les changements de joueurs qui se préparent... La saison qui s'achève
« C'est la saison des titres à la pelle. Quatre trophées, cinq si on ajoute celui des filles.
La meilleure saison jamais faite par l'Olympique lyonnais. On pourrait ajouter en plus qu'on a perdu contre le vainqueur de la ligue des champions, et avec beaucoup moins d'écart sur les deux matchs que ce qui a été dit. Il y a un très fort antagonisme entre la position dubitative des médias sur cette équipe et les résultats à l'arrivée. J'avais pris le soin de dire qu'on avait jamais eu un tel effectif. On a eu ensuite
beaucoup de blessures qui ont compliqué la situation et qui ont obligé la puissance économique du club à venir au secours. On a beau donner une image de certitude, ça n'a pas été un long fleuve tranquille.
J'ai beaucoup souffert cette année, j'ai beaucoup pris sur le familial et le professionnel pour être très disponible. Jérôme Seydoux a été très présent aussi pour m'aider à analyser les situations. On a consenti de gros investissements qui n'étaient pas forcément prévus, pour Boumsong, Delgado par exemple. Les résultats à tous les niveaux donnent du coup
le sentiment du travail accompli. »
La concurrence qui monte.
« La réussite insolente de cette année ne nous donne aucun droit pour l'avenir.
La concurrence va encore progresser. Indirectement, par son parcours très brillant, l'OL créé une émulation en France.
Bordeaux a réagi plus tôt avec une structure, des moyens, un entraîneur, une ambition. Mais
Paris sauvé de la relégation va réagir également, et
Monaco aussi, comme
Marseille. (...)
Au niveau européen, il faut souligner le classement de l'OL. Pour l'instant, nous sommes 3e derrière Manchester United et Chelsea à l'indice de performance. Au maximum, on sera 6e en début de saison prochaine. »
L'avenir d'Alain Perrin :
«
La logique, c'est que le staff en place continue. Il est sous contrat. Il est détenteur de quatre trophées. Mais on ne peut pas exclure d'autres réflexions.
On sait aussi qu'il faut progresser. Il faut se laisser la possibilité de grandir encore. Le conseil d'administration sur réunit dans huit ou dix jours. Je prendrais la décision, mais
on travaille en équipe. J'ai le respect de l'avis de très grands professionnels. Bernard Lacombe et Rémy Garde, mais d'autres grands connaisseurs du football comme Jean-Claude Plessis (ex-président du FC Sochaux), de Jean-Claude Blanc (directeur délégué de la Juventus de Turin), de Johan Laporta (président du FC Barcelone), etc. Alain Perrin est détenteur de quatre trophées et sous contrat, on va en parler.
Il faut respecter les hommes. Je ne vais pas dire dans un TGV je vais faire ci ou ça. Ce n'est pas un choix facile mais
le plus important, c'est l'institution OL, et son avenir. Il faut préparer l'avenir indépendamment de l'affectif. C'est une logique froide, certains le regretteront, mais c'est essentiel. »
Changer après un doublé ?
« Il faut déconnecter les choses. Il n'y a pas que les résultats sportifs.
Il faut une démarche unitaire dans un club, de la proximité sportive entre l'entraîneur et les joueurs, l'entraîneur et le staff, l'entraîneur et le président. Ces dimensions sont essentielles. Si vous avez les meilleurs joueurs, les les meilleurs compétiteurs, l'importance de ces relations est pondérée. Mais si vous avez au bon moment le bon entraîneur qui va tirer le meilleur potentiel du groupe... »
Le profil de l'équipe la saison prochaine :
« On en a parlé beaucoup avec Bernard Lacombe et avec Rémy Garde. C'est vrai que
contrairement aux autres années, on en a pas parlé avec l'entraîneur. Alain Perrin a pourtant fait la meilleur saison de l'OL. Mais on voulait qu'il se concentre sur la fn de saison. Le recrutement est bien lancé.
Si on veut continuer de progresser, il faudra vendre. Remplacer Greg s'il s'en va. Il m'a dit qu'il allait appeller
Hugo Lloris et il l'a eu.
Ederson arrive, Chilito
Delgado a tellement peu jouer que c'est une recrue aussi. A l'entraînement, il démontre des choses extraordinaires. On veut faire signer aussi
le petit Messin qui correspond à ce qu'on veut pour ce club :
une équipe jeune, dynamique et talentueuse. Il faut aussi penser que Nadir Belhadj, qui est parti cet hiver, n'a pas été remplacé. Voilà, ça fait déjà beaucoup de choses. Nous allons continuer d'alimenter le marché français sur lequel Lyon joue un rôle de régulateur économique. »
Le départ des anciens
« Bien-sur que
c'est dangereux si plusieurs anciens partent en même temps. Mais si je peux me permettre (il peut, NDLR),
Greg a dit qu'il partait mais il est sous contrat. Il avait une clause de départ qu'il a fait repousser au 30 avril, mais qu'il n'a pas utilisé.
Sydney, je l'ai vu dans l'année et je lui ai dit que compte tenu de ce qu'il avait donné,
il aurait un bon de sortie. Quand à
Juninho, il a signé l'an dernier un contrat très intéressant. Il est toujours sous contrat. Concernant Juni, nous avons fait signer un contrat à Ederson, avec son accord. C'est lui qui en a parlé au départ à Ederson. De la même façon, avant hier, Greg m'a dit qu'il allait appaler Hugo Lloris (jeune gardien talentueux de Nice, NDLR) et il l'a fait. Il l'a eu. J'ai la chance d'être dans ce club là, où il y a ces relations là, encore très familiales, avec les joueurs. »
Grandir en gardant un club familial ?
Il faut
trouver le bon compromis entre une gestion obligatoirement dure, pragmatique, efficace, d'un grand club ; et un fonctionnement plus familial qu'ailleurs avec les joueurs, leurs femmes, leurs enfants. Dans cette perspective,
Sonny vient de resigner un contrat. Il passe en contrat à durée indéterminée.Il préside la fondation du groupe. C'est un ancien de Lyon. L'OL, de ce point de vue là est différent des autres.
Fred, Ben Arfa et Crosas resteront-ils ?
« Ce sont
deux dossiers compliqués, mais pas plus que d'autres. Ce sont deux internationaux très talentueux.
Hatem est sollicité par des grands clubs étrangers.
Ça va se situer autour de 15 à 20 millions d'euros minimum, mais il lui reste deux ans et on lui a aussi fait une proposition de renouvellement.
Fred est encore sous contrat pour un an. On lui a fait
une proposition phénoménale. (...)
Crosas, comme Hatem, a très peu joué. Il y a une forme d'injustice.
Nous souhaitons le garder (mais le président Aulas admet que cela ne peut se faire sans un changement de staff, NDLR). »
Loïc Rémy
« Contrairement à ce qui a pu être dit, Loïc Rémy sera avec nous l'an prochain. Il ne va pas aller à Caen. C'était possible avec Lens, mais Lens ne mettra pas 11 millions d'euros à présent. Il va rester à Lyon, à moins qu'il ne soit transféré dans un grand club. »
Densifier le milieu de terrain ?
Si. C'est l'analyse de Bernard Lacombe et d'autres membres du staff. On a manqué de puissance au milieu cette année et quand Jérémy Toulalan s'est blessé, il n'y avait personne. Bernard ne vient pas avec nous à Dubaï (tournée lucrative de fin de saison). Il s'envole lundi pour le Brésil. L'idée directrice est de densifier le milieu. Là-bas, il va voir dans quelles conditions Fabio Santos peut revenir, tout en essayant de régler le prêt pour un an de Cléber Anderson à un club brésilien. J'ai lu aussi que Jean II Makoun pourrait avoir un bon de sortie cette année. Je pensais jusque-là qu'il était intransférable. On a contacté son agent.
Ce sera Makoun ou Fabio Santos. »
LibéLyon