Faure : "Les Rangers, c'est un autre monde que l'OL"
Formé à Lyon, Sébastien Faure (21 ans) est parti cet été aux Glasgow Rangers, rétrogradé en Scottish Division Three (D4) suite aux multiples errements des dernières années. À Ibrox, il a trouvé ce qui lui manquait à Gerland : de la confiance et du temps de jeu. Dans un univers qu’il n’imaginait pas.
Quelle a été ta première réaction quand tu as appris l’intérêt des Rangers ?
C’est venu sans que je m’y attende. Mon agent m’a expliqué que les Rangers étaient intéressés par mon profil. Je savais que c’était un grand club, mais je n’ai pas sauté au mur non plus. Je me suis dit qu’il fallait voir, surtout qu’ils étaient descendus. Ça a fait rire mon agent. Il m’a dit que dans quatre jours, je ne voudrais plus revenir en France et signer là-bas.
Et il a visiblement vu juste !
(Rires) Je me suis entraîné le lendemain de mon arrivée avec la réserve, car la première jouait le soir. J’étais au stade, il y avait plus de 30’000 personnes pour un simple amical. Ensuite, j’ai fait un entraînement avec eux, tranquillement. À la fin de la séance, Ally McCoist, l’entraîneur, est venu me parler : « J’aime ton profil. J’aimerais que tu viennes avec nous pour le prochain match amical. » Il m’avait déjà convaincu (rires). Les négociations n’ont pas traîné et j’ai signé pour trois saisons.
Avais-tu cette volonté de quitter la France pour découvrir un autre milieu et une culture différente ou tu as atterri ici surtout à cause d’un manque de contacts avec les équipes hexagonales ?
En fait, j’avais envie de jouer en Angleterre depuis plus d’un an. J’avais même fait un essai à Leeds (D2) cet été. Je voulais quitter la France, car je commençais à être lassé. Puis, j’entendais des intérêts en Ligue 2, mais il n’y avait rien de vraiment concret. J’avais besoin de partir, de connaître autre chose. C’est bête, mais apprendre l’anglais est aussi une belle opportunité à titre personnel.
Le fait de signer pour trois ans était surtout une volonté du club ou la tienne ?
Des deux parties. Le projet est de remonter d’échelon en échelon jusqu’en Scottish Premier League. Ça, c’est quelque chose qui m’intéressait vraiment. Tu es dans un grand club et tu as la possibilité de construire une superbe aventure. Le club a envie de bâtir avec le même groupe de joueurs aussi. C’est quand même significatif de voir des mecs évoluant en Scottish Premier League redescendre en D4 pour ça.
« Il faut comprendre que les Rangers sont une religion »
Certains, comme Ian Black (27 ans, ex-Hearts), ont avoué que jouer en Scottish Division Three (D4) leur importait moins que de réaliser leur rêve de porter le maillot des Rangers…
(Il coupe) Ian, c’est un vrai fan des Rangers ! C’est notre plaque tournante au milieu, il distribue d’assez bas. D’ailleurs, il fait 1m50 (ndlr, 1m73) mais il faut voir le nombre de coups qu’il met (rires). Le club attire toujours autant, c’est évident. C’était peut-être la seule possibilité pour certains joueurs de jouer à Ibrox et c’est plus fort que tout. Il faut comprendre que les Rangers sont une religion. Vraiment. Je le découvre depuis un peu plus d’un mois, mais c’est incroyable.
C’est tout de même fou qu’un petit pays de 5 millions d’habitants puisse drainer autant de monde au stade et une telle ferveur…
C’est aussi ce qui m’a convaincu. Premier match de championnat, on fait 49’000 personnes. Au deuxième, 46’000, au troisième 45’000 ! Je ne vois pas les gens se déplacer de la sorte si Lyon descendait en D4. D’ailleurs, ici, c’est un autre monde qu’à l’OL. Même si je ne me sentais pas vraiment professionnel, car je n’ai pas eu la chance de vivre avec le groupe et de jouer.
Pour en revenir à cette passion, mes parents m’ont dit que le plus surprenant était le remplissage du stade. Tu viens vingt minutes avant le coup d’envoi, c’est presque vide. Et juste avant que ça ne commence, tout le monde se masse dans les tribunes. Il parait que c’est vraiment impressionnant. Quand on va à l’extérieur, nos fans viennent aussi par milliers, ce qui couvre les stades d’une marée bleue. Le pays vit pour le football, chaque personne s’y intéresse. J’adore cet environnement, même si ça offre une énorme pression. On n’a pas le droit de perdre. C’est encore pire que le Celtic en Scottish Premier League. À chaque nul, on se fait démonter.
Suite et fin de ce long entretien :
http://www.sharkfoot.fr/2012/09/sebastien-faure-les-rangers-cest-un-autre-monde-que-lol/